Dans quelques jours, l’équipe de France de football disputera son premier match de la Coupe du monde en Russie. Pour préparer cette échéance, les 23 joueurs emmenés par Didier Deschamps se sont retrouvés à Clairefontaine dans les Yvelines (78). Une habitude qui date seulement de la fin des années 1980.

Avant d’opter définitivement pour ce château du XVIIème siècle, la Fédération Française de Football (FFF) a longtemps cherché le lieu parfait pour s’entraîner avant les grandes échéances. Entre 1970 et 1974, c’est la ville de Saint-Malo qui accueillait les Bleus !

L’air marin, la clé du succès ?

Crédit: L’Équipe

Dans les archives de l’INA on retrouve des traces de ce passage dans la cité Corsaire. Pour se qualifier à la Coupe du Monde de 1974 en RFA, la France doit terminer première d’un groupe de trois, dans lequel figurent l’Union Soviétique et l’Irlande. La tâche s’annonce difficile.

Dans ce reportage de novembre 1972, les joueurs français, dont Marius Trésor, Jean Djorkaeff et Henri Michel, s’entraînent sur la grande plage du Sillon. Le sélectionneur de l’époque, Georges Boulogne, commente la victoire de son équipe face à l’URSS lors du premier match de qualification. En effet, l’équipe de France a réussi à se défaire des Soviétiques, finalistes de la dernière coupe d’Europe, grâce à un but de l’attaquant de l’AS Saint-Etienne, Georges Bereta (1-0). L’air marin ne réussira pas très longtemps aux Tricolores. Ils s’inclineront 2 buts à 1 face à l’Irlande, compliquant la qualification.

Comment les Bleus se sont ils retrouvés à Saint-Malo ?

René Beaumanoir, le père de l’actuel président de l’US Saint-Malo, et d’autres personnalités malouines souhaitaient réhabiliter le Grand Hôtel de Paramé, devenu depuis, les Thermes Marins. Ensemble, ils vont réussir à convaincre le staff de l’équipe nationale, comme le raconte Eric Carpentier sur le site So Foot : « Le 3 novembre 1970, le groupe Bleu débarque à l’aéroport de Dinard-Pleurtuit pour un stage en prélude aux matchs France-Norvège et France-Belgique. De 1970 à 1973, elle y fera trois à quatre stages par an, d’une petite semaine chacun. »

Dans ce second reportage, daté du mois de mai 1973, on suit l’entraînement de l’équipe de France. Survêtements dépareillés, les joueurs enchaînent les passes sur un sillon ensoleillé. Des chiens s’invitent même à la séance ! Il faut dire que cette équipe ne suscitait pas l’effervescence que l’on connaît aujourd’hui et était beaucoup plus accessible.

De la même manière, les préparations n’étaient pas aussi encadrées qu’à l’heure actuelle. Comme se rappelle d’anciens joueurs, le réveil musculaire était effectué seulement par les joueurs les plus matinaux et les trajets jusqu’au terrain d’entraînement se faisaient en camionnette.

Sur le terrain du stade municipal de Marville, qui accueille habituellement les joueurs de l’US Saint-Malo, l’ambiance semble plus studieuse. Dans cette vidéo, sont interrogés successivement, Jean-Michel Larqué, qui évoque le match décisif à venir face à l’Irlande et le lyonnais Raymond Domenech, qui se confie sur sa première sélection avec, en toile de fond, la Cité corsaire.

Face à l’URSS, la désillusion…

Quelques jours plus tard, la France concède le nul face à l’Irlande. Le 26 mai 1973, elle ne réalise pas non plus l’exploit de battre l’URSS sur ses terres (défaite 2-0). Elle ne sera donc pas du voyage en Allemagne de l’Ouest l’année suivante. Le sélectionneur est débarqué et remplacé par le roumain Stefan Kovács. Sous sa houlette, les joueurs s’entraîneront dorénavant au Touquet-Paris-Plage dans le Pas-de-Calais (62). En 1988, avec l’ouverture de l’Institut National du Football (INF) de Clairefontaine, la question du lieu de préparation sera définitivement entérinée.

À cette époque, une période difficile s’achève pour l’équipe de France. Grâce à une nouvelle génération de joueurs, les Platini, Rocheteau, Bossis, ou Six ouvriront alors une page plus glorieuse de l’Équipe de France de football !