Si la première édition de la Route du Rhum est un véritable succès auprès du grand public, la course s’ancre elle-même dans la légende grâce à un final exceptionnel à Pointe-à-Pitre.

Un vent de liberté !

En 1978, la première édition de la Route du Rhum apporte un véritable vent de liberté dans le monde du nautisme. Suite à la polémique de l’édition 1976 de la Transat anglaise, Michel Etevenon a créé une course où monocoques et multicoques s’affrontent sans restriction de taille et sans spécificités au niveau du classement. Seul l’utilisation du moteur est interdit !

Du côté du parcours, la course rallie la ville de Saint-Malo en Bretagne à Pointe-à-Pitre en Guadeloupe. Le départ est donné face à la pointe du Grouin, afin que les amateurs de courses nautiques puissent apprécier le départ. De l’autre côté de l’Atlantique, les skippers doivent laisser l’île de la Guadeloupe à bâbord avant d’emprunter le canal des Saintes pour rallier la ligne d’arrivée devant Pointe-à-Pitre !

Mike Birch : 98 secondes pour la postérité !

“Michael Birch n’est plus qu’à 5 mètres maintenant de Michel Malinovski. Michael Birch est en train de rattraper… ça y est, il est à la hauteur, exactement à hauteur, les deux hommes sont à dix mètres l’un de l’autre. Malinovsky regarde Michael Birch. Ça y est, ça y est, Michael Birch est passé, il a déjà 10 mètres d’avance sur Michel Malinovsky, c’est lui le vainqueur de cette première transat française. Une arrivée extraordinaire qu’on ne pouvait pas imaginer il y a même seulement une heure.”

La victoire de Mike Birch est incroyable ! Alors que la première édition de la Route du Rhum semblait acquise à Michel Malinovsky et à son immense monocoque Kriter V, le petit trimaran jaune Olympus, skippé d’une main de maître par le canadien Mike Birch, est venu lui ravir la victoire à quelques encablures de la ligne d’arrivée.

Dans sa biographie “J’ai chevauché les Océans”, le navigateur revient sur cette victoire qui le lance définitivement dans une nouvelle carrière : “À 250 mètres de la ligne d’arrivée, je double le long cigare flottant de Michel Malinovsky avec ma petite libellule jaune pour l’emporter de 98 secondes après 23 jours de traversée de l’Atlantique. Cette victoire m’ouvre définitivement les portes d’un nouveau métier : coureur au large.”

Manureva ne répond plus

Manureva, le bateau d'Alain Colas sur la Route du Rhum 1978

Crédits : Michel Huhardeaux

Si la victoire de Mike Birch est exceptionnelle, la Route du Rhum est d’ores et déjà marquée par une disparition tragique. Le 16 novembre 1978, alors qu’il navigue parmi les premiers concurrents, le navigateur Alain Colas envoie un message radio inquiétant à son sponsor Radio Monte Carlo (RMC) : “Je suis dans l’oeil du cyclone, il n’y a plus de ciel, tout est amalgame, il n’y a que des montagnes d’eau autour de moi !”. Puis c’est le silence, Manureva, qui devait recontacter la radio le lendemain, reste muet.

Le 5 décembre 1978, le quotidien Le Monde rapporte que deux radios amateurs auraient reçu un message de détresse du navigateur : “Ici Manureva, suis en difficultés. Demande assistance.” Malgré les 400 heures de vol menées par quatre avions, le navire et son skipper reste introuvable.

Pour sa première édition, la Route du Rhum tient toutes ses promesses : un départ largement suivi par des milliers de personnes et une lutte exceptionnelle pour la première place. Mais, malgré son succès, la nouvelle course transatlantique mise en place par Michel Etevenon restera à jamais hantée par la disparition d’Alain Colas !