La promenade des Portes d’Intra-Muros

Les neufs portes de Saint-Malo regorgent de secrets. Faites le tour de la citadelle malouine et voyagez à travers les siècles. 

Avant de vous élancer, sachez que les remparts furent construits au XIIème siècle grâce à Jean de Chatillon, considéré comme l’un des fondateurs de la ville. Puis, Saint-Malo s’est agrandie, nécessitant d’étendre les fortifications. L’enceinte actuelle, qui mesure 1754 mètres, a été réalisée sur des plans de Vauban par Siméon de Garangeau, architecte du roi.

La Grand’Porte

La Grand’Porte est, avec la porte Saint-Thomas, la plus ancienne de Saint-Malo. Pendant plusieurs siècles, elle fut l’entrée principale qui desservait le port. En 1552, deux tours situées de chaque côté sont venues la renforcer. Au-dessus de l’entrée, vous pouvez admirer Notre-Dame de la Grand’Porte, une statue de la Vierge à l’Enfant.

Datant probablement du XVème siècle, des marins auraient trouvé cette statue de marbre flottant sur l’eau. Également surnommée « Notre-Dame des Miracles », la légende raconte qu’en 1661, elle se serait dressée face aux flammes qui ravageaient la ville et aurait stoppé l’incendie. Pendant la Révolution, la statue sera décapitée. Actuellement, c’est une copie qui orne la Grand’Porte de Saint-Malo. L’originale, quant à elle, a été installée dans la cathédrale de Saint-Malo après une récente restauration.

En empruntant la rue Jacques Cartier, réputée pour ses nombreux restaurants, vous arrivez devant la Porte Saint-Vincent, deuxième étape de notre promenade.

La Porte Saint-Vincent

C’est en 1709 que le quartier de Saint-Vincent est construit à même la roche. La porte, construite à la même période, prend le nom du diacre martyrisé en Espagne au VIème siècle.

Très vite, cette porte devient l’entrée principale de l’Intra-Muros et sera dédoublée en 1890. Si vous êtes curieux, sortez de la vieille ville et levez les yeux. Deux écussons apparaissent sur la façade de la porte : à gauche, une herse surmontée de l’hermine des ducs de Bretagne qui représente les armoiries de la ville et à droite les hermines surmontées d’une couronne symbolisant le Duché de Bretagne.

En rentrant de nouveau à l’intérieur de l’Intra-Muros, vous ferez face à la rue Saint-Vincent, l’artère principale de la vieille ville. Dirigez-vous sur votre droite en direction de l’hôtel Châteaubriand. Sur votre droite, vous pourrez apercevoir l’entrée du Château de Saint-Malo, construit en 1424 par les ducs de Bretagne. Il abrite aujourd’hui la Mairie de Saint-Malo ainsi que le Musée de la ville.

La Porte Saint-Thomas

Après avoir laissé l’hôtel Châteaubriand sur votre gauche, vous arriverez au pied de la porte Saint-Thomas, construite en 1737. Si elle donne aujourd’hui accès à la plage de l’Eventail et au Fort National, elle était auparavant appelée porte du sillon car elle s’ouvrait directement sur la bande de sable reliant Saint-Malo à la terre. Lors des marées, à la montée des eaux, les malouins étaient retranchés au sein de la ville.

Montez les escaliers pour arriver sur les remparts. Petite anecdote concernant ces fortifications : contrairement à la ville détruite à 80% lors de la Seconde Guerre mondiale, les remparts n’ont pas souffert des bombardements alliés en 1944.

Poursuivez le long des remparts. Vous passez devant la poterne aux Normands qui offre un accès à la ville haute. Profitez de la vue offerte par le Fort à la Reine. Le bastion, qui fait face au Fort National, fut construit à partir de 1689 sur le rocher de L’Islet.

En poursuivant votre chemin, vous pourrez monter au sommet de la Tour Bidouane. Sa forme originale de fer à cheval est caractéristique de son époque. De la plateforme supérieure, découvrez l’un des plus beaux points de vue des remparts : devant vous, admirez la côte de la pointe de la Varde au Cap Fréhel et derrière vous, découvrez la ville dominée par la flèche de la Cathédrale Saint-Vincent.

À quelques mètres de là, vous passerez au-dessus de la porte des Champs-Vauverts qui donne accès à la plage de Bon-Secours mais surtout au Grand Bé. Selon les marées, la presqu’île devient inaccessible, laissant Châteaubriand (qui y est enterré) à ses tourments.

Continuez votre cheminement sur les remparts pour arriver à la porte des Bés, percée en 1884 dans la Tour Notre-Dame. C’est ici que les malouins prenaient les navettes à vapeur pour rejoindre la Rance. Lorsque vous êtes dans un alignement parfait avec la piscine de mer de Bon-Secours, vous passez sans le savoir au-dessus de la Poterne Jean de Chatillon, percée en 1757, condamnée en 1871 puis réouverte après-guerre.

La Porte Saint-Pierre

 

En 1871, la porte Saint-Pierre remplace la poterne Bon-Secours devenue trop étroite. Sur l’une des façades attenantes aux remparts, vous remarquerez le restaurant « Les chiens du Guet », une référence aux dogues qui étaient lâchés chaque soir autour de Saint-Malo pour empêcher toute intrusion. En 1684, leurs niches furent déplacées sous le bastion de la Hollande.

Poursuivez votre chemin sur le bastion de la Hollande. Vous y rencontrerez Jacques Cartier, un grand explorateur malouin rendu célèbre par la découverte du Canada.

Avant d’atteindre le Bastion Saint-Philippe, dont le nom est un hommage à Philippe II d’Orléans, Régent de France, vous passerez au-dessus de la Poterne d’Estrées qui donne accès à la grève du môle. Prenez un moment pour admirer le paysage. Face à vous, vous apercevrez la ville de Dinard.

La Porte de Dinan

Anciennement Porte de la marine, cet accès était également nommé Porte de l’Evêque, car les hommes d’Eglise devaient entrer par cette porte lors de leur première visite de la ville.

Continuez encore quelques mètres pour arriver au Bastion Saint-Louis, nommé ainsi lors de sa construction en l’honneur de Louis XIV. Au rez-de-chaussée de ce bastion se trouve une remise qui, pendant la Révolution abrita la guillotine. Aujourd’hui, la statue du célèbre corsaire Duguay-Trouin trône fièrement au centre de cette place forte.

Dernière étape pour conclure notre promenade: la porte Saint-Louis, qui fut percée en 1874 pour rendre l’accès à l’Intra-Muros plus facile aux passagers des navires en provenance d’Angleterre.