La promenade de Rothéneuf

Bienvenue à Rothéneuf ! Ancien village de pêcheurs et de laboureurs, Rothéneuf se transforme en station balnéaire à la fin du XIXème siècle. Rattaché à la commune de Paramé, Rothéneuf deviendra un quartier de Saint-Malo lors de la fusion des trois villes (Paramé, Saint-Servan et Saint-Malo) en 1967. Cette promenade vous emmènera à la découverte des plus beaux points de vue de la Côte d’ Emeraude.

La Plage du Pont

La promenade débute sur la Plage du Pont dont le sable fin est très prisé des vacanciers. Il est vrai que son exposition et sa superbe vue sur le Sillon et Saint-Malo Intra-Muros rendent cette plage particulière. Depuis la fin du XIXème siècle, de nombreuses villégiatures ont poussé à proximité.

À votre gauche, la plage du Minihic et les nombreux rochers formant la baie. Pour l’anecdote, son nom est tiré du mot du mot « manac’h » qui signifie en breton moine. En effet, ici se trouvait un monastère.

La suite du parcours se fera en suivant un chemin balisé, le GR34. Ce circuit de randonnée longeant toute la Bretagne et donc la Côte d’Emeraude s’appelait autrefois le sentier des Douaniers. Un peu d’histoire : Jean-Baptiste Colbert, ministre sous Louis XIV, instaure en 1667 une taxe sur les importations des marchandises afin de restreindre le plus possible l’entrée des produits anglo-hollandais. La France décide alors de surveiller ses côtes pour empêcher la contrebande. En 1791, un sentier est alors créé en Bretagne. Des douaniers circulent alors plusieurs fois par jour à la recherche de resquilleurs. D’autres, postés dans des abris, surveillent le large.

La Pointe de la Varde

En suivant le GR34, vous arriverez à La pointe de la Varde. Ce site naturel protégé culmine à 32 mètres au-dessus de la mer et offre un panorama unique sur la baie de Saint-Malo. On y aperçoit, en partant du Cap Fréhel : Dinard, la vieille ville de Saint-Malo, la grande plage du Sillon et de nombreux forts et îlots. Pour le commandant Charcot, il s’agissait de « la plus belle baie du monde ». D’ailleurs, saviez-vous que le nom de Côte d’Émeraude a été donné en référence à la couleur vert-émeraude de la mer ?

Un tel lieu, véritable témoin de l’histoire de la région malouine, mérite que l’on s’y attarde. De tout temps, la pointe de la Varde fut un lieu stratégique pour la défense du port de Saint-Malo. Au fil des siècles, elle a donc connu plusieurs fortifications.

Le fort d’Arboulé, bâtit en 1694 a été reconstruit et remanié en 1758. Même s’il s’agit d’une construction sommaire composée d’un mur d’enceinte entouré d’un fossé, il permet de surveiller toute la baie. C’est pour cette raison qu’en 1898 et 1899, la pointe extrême fut dotée de puissantes batteries modernes.

En 1942, ce sont les Allemands qui aménagent les fortifications déjà existantes en y adjoignant des blockhaus et des petits bunkers individuels (tobrouks). De cette position, ils contrôlent les plages de Rothéneuf. Cela n’empêchera pas la prise de la pointe par les soldats de la 83ème division américaine le 13 août 1944.

Pour les passionnés d’ornithologie, sachez que les falaises abritent différentes espèces d’oiseaux marins : goélands bruns et argentés, grands cormorans, cormorans huppés, pingouins tordas, fulmars boréals …

En quittant la pointe de la Varde, prenez la direction des Rochers sculptés de l’Abbé Fourré. Pour cela vous pouvez emprunter l’avenue de la Varde, mais préférez le GR34 (marquage rouge et blanc) qui longe la mer jusqu’à la plage du Nicet. Après un crochet par de belles demeures et la plage du Val, vous pourrez de nouveau emprunter un bout du chemin des douaniers qui vous emmènera jusqu’aux œuvres de l’homme d’Église.

Les Rochers sculptés de l’Abbé Fouré

Adolphe Julien Fouéré, ordonné prêtre en 1863, exerça divers ministères en Ille-et-Vilaine avant d’être contraint en 1894 de se retirer comme prêtre habitué à Rothéneuf.

L’ecclésiastique devenu sourd entame alors une œuvre monumentale ; pendant quatorze ans il sculpte plus de trois cents statues sur un ensemble de rochers granitiques surplombant la mer. Comme le raconte si joliment les malouins : « Ce prêtre a choisi la sculpture comme nouvelle expression et va se réfugier dans les rochers pour commencer un long dialogue avec seulement un marteau et un burin. »

Frappé de paralysie, et atteint de difficulté d’élocution, il est contraint d’arrêter toutes ses activités en 1907, et décède en 1910 à l’âge de 70 ans.

Pour admirer son oeuvre, il vous faudra débourser 2,50 € qui serviront à restaurer ce site unique et les nombreuses figures qui retracent l’actualité de son époque. À moins que ce ne soit le récit d’une légendaire famille de Corsaires du XVIème siècle …

Il vous reste du temps ? Visitez le Manoir de Limoëlou

Crédit: Cortom2

Après cette visite, si votre motivation est toujours présente, prenez la direction du centre de Rothéneuf.  Pour vous rendre au Manoir de Limoëlou, deux solutions : continuez votre chemin à pied en empruntant la rue David Macdonald Stewart, ou revenez au point de départ de notre promenade et reprenez votre véhicule ou attendez un bus (ligne n°4 ou n°8 à l’arrêt « Pont »).

Plus connu sous le nom de Manoir Jacques Cartier, il s’agit de l’unique héritage de celui qui fut à l’origine de la découverte du Canada en 1534.

C’est en 1541 que Jacques Cartier achète ce qui était alors une ferme qu’il va transformer en véritable résidence d’été en y ajoutant un étage, ainsi qu’une tour en façade. Dans sa nouvelle demeure, il aménage également une chambre d’où il peut voir la mer. C’est dans ce manoir qu’il meurt en 1557.

Restauré et aménagé pour évoquer la vie quotidienne au XVIème siècle, la navigation au temps des grandes découvertes et les voyages de son illustre propriétaire, ce manoir, ancêtre des malouinières est un témoin unique et émouvant à ne manquer sous aucun prétexte.

Venez lire nos derniers articles !