À la fin du 19ème siècle, les Anglais, nombreux à travailler sur le port de Saint-Malo, amènent avec eux le « dribbling game », l’ancêtre du football. En 1902, ils créés l’US Servannaise et Malouine, l’ancêtre de l’Union sportive de Saint-Malo (USSM), qui va rapidement occuper les premiers rôles dans le championnat de Bretagne. Au fil des saisons, des joueurs renommés foulent la pelouse du principal club de la Cité Corsaire. Parmi eux, l’international français Alexis Thépot qui à partir de 1937 endosse le rôle de gardien de but, d’entraineur et de dirigeant du club malouin.
« Alex » comme le surnomment ses amis et coéquipiers, est né le 30 juillet 1906 à Brest. Avec son père, marin, il bourlingue : Rochefort, Tunis, Bizerte, Toulon, Paris. À 15 ans il découvre le football et le poste de gardien de but. Il commence sa carrière de footballeur au sein d’un patronage paroissial, l’Armoricaine de Brest, ancêtre du Stade Brestois.
Le jour de gloire
Le 9 février 1927, lors d’un 16ème de finale de la coupe de France, Alexis Thépot s’illustre. Malgré la défaite de son équipe face au Club français, équipe parisienne disparue en 1935, la presse est dithyrambique. Le Miroir des sports publie même une photo du héros du jour dégageant un ballon du poing avec la légende : « l’excellent gardien brestois Thépot ». Quelques années plus tard, le célèbre hebdomadaire lui dédiera un article où il le qualifie de « solide garçon bien proportionné (1,79m, 81kg), vraiment athlétique, plutôt bâti en force qu’en finesse ». Le journal loue son travail assidu et minutieux ainsi que sa « remarquable clairvoyance du jeu ». Indéniablement, ce match est le tournant de sa carrière. Peu de temps après il est sélectionné en équipe de France militaire.
Du Red Star à la Coupe du Monde en Uruguay
Repéré pour ses performances, Alexis Thépot, qui travaille à Paris comme douanier, va rejoindre les rangs du Football Étoile Club de Levallois puis quelques mois plus tard ceux du Red Star. Il rejoint alors l’un des principaux clubs français de l’entre-deux-guerres. Le gardien de but breton, jouant les mains nues et portant systématiquement un maillot sombre pour tenter de faire oublier sa présence aux attaquants adverses, y reste jusqu’en 1935.
En parallèle Alexis Thépot occupe le poste de gardien de but titulaire en équipe de France. En 1930, il prend deux mois de congés sans solde pour participer à la première Coupe du monde de football. Au mois de juin il s’embarque avec sa sélection sur le navire italien Conte-Verde pour une traversée de près de 15 jours vers l’Uruguay, le pays vainqueur des deux derniers tournois olympiques de football (1924, 1928).
Lors du premier match, les Bleus battent le Mexique (4-1) mais Alexis Thépot perd connaissance pendant 45 minutes à la suite d’un choc avec un attaquant mexicain qui l’a percuté violemment au niveau du crâne. Remplacé de force, il tient de nouveau sa place lors des matchs suivants. La France rencontre l’Argentine et le Chili. Même si le brestois s’illustre, il ne peut empêcher son équipe de s’incliner à deux reprises. L’aventure tricolore en Amérique du Sud prend fin dès la phase de groupe. Pour autant, le gardien tricolore repart avec un titre, celui de meilleur gardien du tournoi. Pour l’anecdote, il est le seul européen à figurer dans l’équipe type de la compétition.
Il est également sélectionné pour la Coupe du monde 1934 en Italie, mais, le tournoi se déroulant par élimination directe, les Français ne passent pas le premier tour, battus 3-2 par la sélection autrichienne. Il prend sa retraite internationale un an plus tard.
Thépot débarque à Saint-Malo
Alexis Thépot poursuit sa carrière de douanier à Dunkerque où il joue pour le club local (saison 1935-1936) puis obtient sa mutation pour Saint-Malo en 1937. Il joue alors pour l’USSM. Il tient à la fois les rôles de gardien, capitaine et entraîneur. Sous sa houlette Saint-Malo va remporter deux championnats de bretagne. Une fois sa carrière de footballeur terminée, Alexis Thépot passe encore douze années à Saint-Malo avant d’être promu inspecteur des douanes en 1944 et d’exercer de nouvelles fonctions à Paris, jusqu’en 1964, au sein du Service de répression des fraudes douanières.
Sur le banc de l’Equipe de France
Lors de ce passage à Paris, il retrouve l’équipe de France de football en rejoignant le comité de sélection de 1954 à 1960. Il est chargé de sélectionner et d’encadrer les joueurs de l’équipe de France. Ainsi, il va disputer, sur le banc cette fois-ci, sa troisième Coupe du monde (1958). En Suède, les Français vont terminer sur la troisième marche du podium. Vont notamment s’illustrer lors de ce tournoi Raymond Kopa, Roger Piantoni et Just Fontaine. Il démissionne à la suite d’une lourde défaite contre la Suisse à Bâle (6-2).
Retraité depuis 1968, il décède en 1989 à Quiberon où il s’était retiré.
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