Sept ans après la parution du premier tome de Cézembre, Nicolas Malfin vient donner une conclusion aux aventures d’Ewan, un jeune breton qui souhaite rejoindre la résistance après la mort de son père et de son oncle, tués par les allemands, et Françoise, fille d’un boulanger d’Intra-Muros.
Le saviez-vous ? En août 1944, avec près de 20 000 bombardements, l’île de Cézembre fut sans doute le lieu le plus bombardé lors de la libération de l’Europe de l’occupation allemande.
C’est autour de ce lieu emblématique de la Seconde Guerre mondiale que Nicolas Malfin a construit l’intrigue de son diptyque sobrement intitulé « Cézembre ». En deux parties et 160 pages, l’auteur de Golden City mêle intelligemment la réalité historique, savamment documentée, à une romance sortie tout droit de son imagination.
Pour en savoir plus sur la genèse de cette oeuvre, nous avons pu poser quelques questions à Nicolas Malfin, dessinateur et scénariste de ce diptyque dont l’action se déroule au coeur de la Cité corsaire.
Bonjour Nicolas Malfin, tout d’abord, une brève présentation s’impose pour nos lecteurs. Quel a été votre parcours pour devenir auteur et illustrateur de bande dessinée ? Etait-ce votre objectif professionnel ?
Je suis autodidacte. Aussi loin que remonte ma mémoire, j’ai toujours dessiné. J’ai appris à lire grâce aux BD d’Astérix, j’avais 6 ans. À 10 ans, j’ai eu l’envie de raconter des histoires en BD et j’ai créé, une petite histoire courte de Pirates. J’ai suivi à coté de ma passion pour la bande dessinée, un cursus classique d’études de Physique et après avoir obtenu un DEA en physique des matériaux de l’université d’Orléans, j’ai essayé de percer dans la BD. Cela a toujours été mon désir. J’ai apporté un dossier aux éditions Delcourt, un projet d’anticipation aquatique. Le projet n’a pas été retenue mais il a attiré l’attention d’Olivier Vatine qui m’a proposé de faire des essais sur Golden City. L’aventure a commencé ainsi en juillet 1997 !
Quels sont les auteurs et dessinateurs qui vous ont inspiré durant votre jeunesse et qui ont animé votre envie d’écrire des histoires et de dessiner ?
Plusieurs auteurs, mais surtout les personnages de BD. Astérix, Tintin, Les Tuniques Bleues, Alix, Blake et Mortimer, Blueberry, Johan et Pirlouit, Chick Bill… Et la revue Spirou !
Je les copiais pour apprendre à dessiner, à faire des petites histoires de BD. J’ai appris à dessiner sur les Tuniques Bleues et XIII. Plus tard, la lecture des BD dessinées par Olivier Vatine, Mignola, Katsuhiro Otomo ont fait évoluer mon style graphique ! Et depuis, je suis un admiratif du travail de Bernet.
Vous êtes originaire d’Eure-et-Loire, pouvez-vous nous dire comment vous avez découvert Saint-Malo ? Quel rapport entretenez-vous avec cette ville ?
Enfant, je passais mes vacances en famille, à Saint-Malo. Je connais bien la ville et j’ai toujours adoré ces remparts, ces maisons de granit et ces toits d’ardoises aux cheminées si imposantes. Et cette impression qu’à chaque coin de rue, va surgir « l’aventure ».
Nous avons lu que l’idée du scénario de Cézembre vous est venu lors d’une croisière dans la baie de Saint-Malo ? Quel a été l’élément déclencheur de cette idée ?
En septembre 2007, je faisais une croisière de la compagnie Corsaire au large de Cézembre et le pilote du bateau contait les coutumes de l’île. Notamment, celle où les jeunes malouines du début du 20ème siècles allaient sur Cézembre, à l’oratoire de Saint-Brandan pour piquer le bout du nez de la statue en bois du saint avec une épingle. La coutume voulait qu’elles trouvent un bon mari en rentrant à Saint-Malo. Cette chapelle a entièrement été détruite par les bombardements américains de fin août 1944. Et je me suis dit… et si, je racontais l’histoire d’un couple d’amoureux qui reviendrait une dernière fois dans la chapelle avant qu’elle ne soit détruite ! Tout est partie de là !
À la lecture du diptyque, on ressent un minutieux travail de documentation, notamment sur la bataille de Saint-Malo, comment avez-vous effectué vos recherches ? Quels ont été les ouvrages et documents essentiels pour l’écriture et les dessins de Cézembre ?
Au début de mes lectures sur cette terrible période, je pensais que je connaissais bien Saint-Malo et que la ville que j’arpentais enfant été là, telle quelle, depuis des siècles. Mais je me suis rendu compte que les bombardements avaient détruit la ville à plus de 80 pour cent. À partir de ce moment là, la ville est devenue un vrai personnage de l’histoire. J’ai utilisé un grand nombre de documents tant pour écrire la fiction à travers la grande histoire de la bataille pour la libération de Saint-Malo, tant qu’au niveau du dessin pour reconstituer la ville de Saint-Malo sous l’occupation, avec les modifications ou aménagements que l’armée allemandes avait effectué sur la cité corsaire et sa région.
J’ai pris aussi un grand nombre de photos de Saint-Malo, du Fort national, de la pointe de la garde, de la pointe du Grouin, de Cancale et de l’île de Cézembre.
Par exemple, pour reconstituer les forts français type 1846 qui se trouvaient à Cézembre, je suis allé à la pointe Saint-Mathieu pour visiter le fort qui abrite le mémorial aux disparus en mer. Et à Belle Île en Mer où Sarah Bernard avait réaménagé un de ces forts pour en faire une demeure habitable. La Visite du Mémorial 39-45 de la cité d’Aleth m’a également permis de reconstituer l’intérieur des bunkers de l’île de Cézembre.
Les principaux livres étaient :
« L’agonie de Saint-Malo« , du Docteur Aubry
« Qui a incendié Saint-Malo« , de René Fouque
« Andreas Von Aulock, l’itiniéraire d’un officier prussien dans l’Europe du XXème siècle » celui d’Eric Peyle,
« Cézembre, l’île interdite« , de Vera Kornicker,
« Saint-Malo de 1880 à 1940 », de Louis Motrot,
« Saint-Malo et l’occupation », de Louis Pottier.
J’ai aussi utilisé les nombreuses cartes postales de la région d’avant-guerre et les photos de la photographe de guerre Lee Miller.
Si vous ne connaissez pas encore cette bande dessinée, nous ne pouvons que vous conseiller de vous y plonger les yeux fermés. Les deux tomes sont publiés aux Éditions Dupuis et disponibles dans toutes les bonnes librairies.
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