Inaugurée le 26 novembre 1966 par le général de Gaulle, l’usine marémotrice de la Rance est un monument d’ingénierie française. Située entre Saint-Malo et Dinard, le « barrage de la Rance » exploite la force des marées pour produire de l’électricité, une première mondiale à cette échelle. Avec ses 24 turbines réversibles et une puissance installée de 240 MW, elle a été la plus grande usine marémotrice du monde pendant 45 ans, avant d’être dépassée en 2011 par la centrale coréenne de Sihwa.

Un défi technique colossal :

Le barrage de la Rance c’est :

  • 750 mètres de long. Le barrage relie les deux rives de l’estuaire de la Rance.
  • 500 GWh produits chaque année, de quoi alimenter une ville comme Rennes (225 000 habitants).

Une construction hors normes

L’idée d’exploiter l’énergie des marées sur la Rance remonte au XIXe siècle, mais c’est dans les années 1960 que le projet prend vie. Sous la direction de l’ingénieur Robert Gibrat, les travaux débutent en 1961 et mobilisent des moyens exceptionnels :

  • Deux batardeaux de 19 mètres de diamètre sont construits pour assécher le site.
  • 620 millions de francs (environ 817 millions d’euros actuels) sont investis.
  • 3 ans de chantier pour ériger une digue creuse en béton, équipée de turbines innovantes.

Les 24 turbines Kaplan de 10 MW chacune peuvent fonctionner dans les deux sens (marée montante et descendante), avec un débit équivalent à celui de la Seine à Paris (260 m³/s par turbine). Elles permettent aussi de pomper l’eau pour optimiser la production.

Un pont entre terre et mer

Le barrage ne sert pas qu’à produire de l’électricité : il abrite aussi une route (la D168) et une écluse permettant le passage de 22 000 bateaux par an. Un ascenseur à bateaux permet même aux navires de franchir la différence de niveau entre la mer et le bassin !

Un bilan énergétique impressionnant

Aujourd’hui, l’usine de la Rance reste un modèle de production d’énergie propre.

  • 500 GWh/an : la production annuelle couvre 2,4 % des besoins en électricité de la Bretagne.
  • Un coût de production ultra-compétitif : 0,018 €/kWh.
  • Une énergie 100 % renouvelable et prévisible, contrairement à l’éolien ou au solaire.

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