Comment relier facilement Saint-Malo à Saint-Servan malgré l’étendue d’eau séparant les deux communes ? C’est la question qu’a dû se poser Alexandre Leroyer, architecte originaire de Saint-Servan, à la fin du XIXème siècle.
Un objectif : gagner du temps !
Avant la construction du pont roulant, il existait trois moyens pour relier les rives de Saint-Servan aux portes de l’Intra-Muros :
• effectuer un détour assez conséquent à marée haute
• attendre la marée basse pour traverser le bras de mer
• faire appel aux passeurs du Naye
Attendre la marée basse ou faire un détour à marée haute pouvait donc engendrer une perte de temps pour les habitants. Le 10 février 1873, le président de la République, Adolphe Thiers, autorise donc la construction d’un pont mobile pour relier Saint-Malo à Saint-Servan. La concession de l’ouvrage est attribuée à l’architecte servannais Alexandre Leroyer pour une durée de 60 ans.
Un moyen de transport original !
Construit au cours de l’année 1873, l’ouvrage était composé d’une plate-forme de 42 m² située à une dizaine de mètres de hauteur et portée par des montants verticaux en fer. Le chariot du pont roulant était quant à lui muni de quatre roues d’un mètre de diamètre et posé sur un chemin de fer installé au fond du bras de mer.
Comment fonctionnait ce pont roulant ? Une fois que les passagers étaient installés à bord, le chef de cabine ordonnait la mise en route de la machinerie au mécanicien à l’aide d’une trompe. Ce dernier lançait alors la machinerie, formée d’un moteur et de chaîne, pour les deux minutes de traversée. À l’arrivée, un second bruit de trompe indiquait au machiniste de stopper le mécanisme.
L’ouvrage insolite, qui fonctionnait tout au long de l’année, pouvait transporter jusqu’à 2000 personnes par jour. En Angleterre, un dispositif similaire, le Brighton and Rottingdean Seashore Electric Railway, transportait les passagers au-dessus des eaux de la Manche sur une distance de 4,5 km.
1922, l’incident de trop !
L’édifice mobile se déplaçant assez lentement, une attention toute particulière était portée au trafic maritime lors des traversées. Cependant, malgré toutes les précautions mises en place, le pont roulant de Saint-Malo connu quelques incidents au cours de son existence.
En 1889, après une forte tempête de trois jours, un navire s’échoua dans la passe du port et endommagea les rails sur lesquels se déplaçait le pont. Cela eu pour conséquence de faire dérailler le pont !
Au cours de l’été 1909, la machinerie du pont roulant fut gravement endommagée par un incendie. Le propriétaire de l’époque, un certain M. Durand, profita des travaux de réparation pour électrifier l’ouvrage.
Le 8 novembre 1922, la mer est agitée et un vent fort pousse le Brawn, un navire norvégien mal amarré, sur le pont roulant. Suite à cet événement, M. Durand obtint le retrait de l’exploitation le 20 février 1923.
Vous aimez lire ? L’auteur rennais Gwen Le Tallec a imaginé une nouvelle romantique se déroulant autour du pont roulant de Saint-Malo. Vous pouvez la retrouver en cliquant sur le lien suivant : « Les amoureux du pont ».
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