À l’origine, Saint-Malo n’était reliée à Paramé que par un banc de sable nommé le Sillon. Elle était donc une île à marée haute et une presqu’île à marée basse. Sur cette grève parsemée de dunes se dressait une succession de moulins à vent. Une chaussée fut bâtie au début du XVIème et une digue à partir de 1853. En 1905, deux raz-de-marée ravagent, coup sur coup, la digue de Rochebonne.
Longue de 1 671 m, cette digue permet la construction d’un nouveau quartier. D’ailleurs, ce sont ces nouveaux projets immobiliers qui permettent à Paramé de devenir au début du XXème siècle une station balnéaire qui va attirer une riche clientèle. De belles villas en front fleurissent. Le Saint-Malo de la Belle Epoque rayonne.
À chaque grande marée, les vagues déferlent et se brisent sur cette digue. Un phénomène bien connu des Malouins car, au XVIIème siècle, c’est à l’issue d’une grande marée, provoquant de nombreux dégâts sur les fortifications, que l’idée de faire planter des pieux de chêne, dits « brise-lames » destinés à ralentir la violence du flot, est mise en œuvre. En 1825, à l’initiative de l’ingénieur des Ponts et chaussées Robinot, 2 600 « tortillards » ou « pilotins de garde » sont enterrés.
La digue ravagée par les flots
Les 30 et 31 octobre 1905, une violente tempête associée à un fort coefficient de marée provoque des dégâts sur la côte et notamment à Paramé où les vagues ouvrent plusieurs brèches dans la digue. Cette marée d’équinoxe va la détruire sur 350 mètres entre Rochebonne et la plage de la Hoguette. Dans son édition du 31 octobre, le quotidien régional L’Ouest-Éclair écrit : « Un terrible raz de marée a détruit ce matin la digue de Rochebonne dans la partie comprise entre le Grand Hôtel et l’Hôtel de l’Océan. Les nombreuses villas bordant cette digue ont été endommagées. Leurs grilles, les murs d’enceinte et les balcons ont été démolis par les lames. Les poteaux électriques et télégraphiques n’existent plus. Les dégâts matériels sont immenses. »
Le lendemain, une foule de curieux vient constater les dégâts de ses propres yeux. La quantité de sable est immense au point de recouvrir des petits murs. L’Hôtel de l’Océan est complètement ravagé, même les plafonds se sont effondrés. L’Hôtel de la Paux a été inondé. L’eau qui a pénétré dans les sous-sols et dans les caves a tout brisé. Le journal décrit la scène : « Rien n’a résisté aux vagues qui déferlaient en montagnes pour s’écrouler sur la digue enlevant, émiettant tout ce qui se trouvait devant elles, piliers, grilles, murs, etc … ». Dans un article daté du 1er novembre, l’auteur conclu : « C’est un cataclysme, le mot n’est pas exagéré, et ceux qui cherchent à évaluer les pertes murmurent le mot million. » Rapidement, des travaux sont engagés.
La digue ravagée une nouvelle fois un mois plus tard
Le 27 et 28 novembre 1905, alors que les travaux de réparation ne sont pas achevés, une seconde tempête ravage à nouveau une partie de la digue. De nouveaux éboulements sont recensés.
De nombreux clichés permettent de se rendre compte de l’étendue des dégâts et de l’émotion suscitée chez les Malouins par ces deux évènements survenus coup sur coup. Cet épisode dramatique nous rappelle que la nature qui nous offre parfois un spectacle grandiose avec les grandes marées, peut aussi se révéler destructrice.
Très intéressant.Merci!