La promenade des épaves

Durant sa longue histoire maritime, la côte malouine a vu sombrer plus d’un navire. À elle seule, la baie de Saint-Malo compte près de 350 épaves ! Bateaux corsaires ou vaisseaux allemands de la Seconde Guerre mondiale, partez à la découverte de ces navires qui recèlent de véritables trésors. Une promenade réservée aux plongeurs confirmés !

Le Rocher de Bizeux

Rocher de Bizeux Saint-Malo

Pour débuter cette promenade insolite, rendez-vous au Rocher de Bizeux qui se situe en aval du barrage de la Rance. Vous pourrez y admirer une statue de la vierge haute de trois mètres et érigée en 1897, œuvre du sculpteur Alfred Caravanniez. Il est également à l’origine de la statue de Robert Surcouf visible sur les remparts de Saint-Malo. Posée sur un socle en granit de Chausey, cette vierge a la tête tournée vers le ciel et la paume des mains tendues en direction de la mer.

Le jour de son érection, plus de 5 000 personnes ont participé à la procession. Lors de la bénédiction, l’une des embarcations naviguant autour du rocher se renversa avec toute une famille à son bord. Seuls le père et le fils âgé de 7 ans purent être secourus. L’épouse et ses deux petites filles ainsi qu’une domestique restèrent introuvables.

En août 1944, lors de la libération de Saint-Malo un obus traversa la statue à hauteur de son pied droit, la faisant pivoter vers Dinard. Une association a permis sa restauration complète en 1998.

Les épaves de la Natière

Au nord se situent les épaves de deux grandes frégates corsaires englouties. Découvert récemment en 1995, le site sous-marin de La Natière a été fouillé pendant dix ans par des archéologues. Enfouis à 17 mètres de profondeur, quelques 3 000 objets ont été remontés de ces épaves : des instruments de navigation, des canons, des effets personnels de marins et même le squelette d’un très jeune Macaque de Barbarie.

Que sait-on exactement des navires qui ont coulé à cet endroit ? La première épave, La Dauphine, est une grande frégate de 300 tonneaux. Construite en 1703 au coeur de l’arsenal royal du Havre elle s’est perdue à l’entrée de Saint-Malo le 11 décembre 1704 lors de l’escorte d’un navire anglais.

La seconde épave, L’Aimable Grenot, était armée et prévue dans un premier temps pour faire la guerre de course, fut reconvertie au commerce. Elle s’est perdue le 7 mai 1749 alors qu’elle quittait Saint-Malo. Durant sa période corsaire, cette frégate permis la capture de 17 autres navires.

Le Garibaldi, Le M4600 et le Frémur

Au nord-ouest de cette position se trouve Le Garibaldi, un bateau de type sloop, c’est-à-dire un bâtiment à un seul mât avec une seule voile à l’avant. Construit durant la seconde moitié du XIXème siècle à Murton en Angleterre, ce navire de 25 mètres de long était dédié au transport du charbon. Naufragé à plusieurs reprises, il fut reconstruit à chaque fois avant de s’échouer en 1909 à Saint-Malo.

 

En poursuivant au nord-ouest se trouve le M4600, un patrouilleur allemand de 32 mètres de long, coulé lors de la Seconde Guerre mondiale. Non loin de lui, gît par 30 mètres de profondeur Le Frémur, épave d’un sablier. Ce site est réputé pour offrir un abri artificiel à de nombreuses espèces sous-marines.

Le Hilda

L'épave du Hilda Saint-Malo

Pour une autre plongée forte en émotion, dirigez-vous vers l’Île de Cézembre. Derrière le Phare du Grand Jardin repose à près de 20 mètres de profondeur le SS Hilda, un paquebot à vapeur qui effectuait une liaison régulière entre l’Angleterre et Saint-Malo.

Dans la nuit du 18 au 19 novembre 1905, surpris par des conditions météorologiques difficiles, le bateau s’échoue avec 134 personnes à son bord. James Grinter, l’un des rescapés témoigne : « Avec une trentaine d’autres personnes selon mon compte, j’ai grimpé dans la mâture où j’ai réussi à me maintenir jusqu’au sauvetage. Mais les autres sont tombés l’un après l’autre dans cette tempête de grêle et de neige fondante jusqu’à ce qu’il ne reste plus que six d’entre nous. C’est à ce moment-là que nous avons été aperçus par le vapeur Ada qui nous a sauvés alors que nous étions déjà presque morts de froid. »

L’épave du Fetlar


Pour terminer cette promenade particulière, prenons la direction du Fetlar qui se situe derrière l’île de Cézembre. A 20 mètres de fond repose un petit cargo à vapeur construit à la fin du XIXème siècle à Glasgow qui faisait principalement du cabotage et des liaisons transmanches. Habituellement chargé de farine, d’avoine, de chaussures, de tôle ondulée, et de creusets de fonderie, le navire a touché une roche en avril 1919, alors qu’il s’apprêtait à prendre l’un des chenaux principaux pour Saint-Malo.

L’épave complète est posée droite sur un fond de sable et de rocaille. Comme l’expliquent les plongeurs, la visite de l’épave ne comporte pas de difficulté. Les cales peuvent être visitées ainsi que la machinerie. Envie d’observer la faune locale ? Vous trouverez des congres, des homards, des tacauds mais aussi des grondins.

Les nombreux dangers de la baie ont laissé des traces invisibles, et ce cimetière sous-marin est le témoignage de l’intense activité de la ville de Saint-Malo. Ces épaves qui dorment paisiblement au fond de la Manche recèlent encore de nombreux trésors.

Pour en savoir plus : Itinéraires Bretagne : les épaves de Saint-Malo, à lire sur France 3 Bretagne.


Merci au club de plongée Saint-Malo Plongée Émeraude qui nous a transmis certaines des photos que vous avez pu voir sur cette page.

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