Maclow, Maclou, Maclovius, Sant Maloù, Machut, autant de noms pour désigner le saint patron de Saint-Malo. Ce moine navigateur, né au VIème siècle dans le sud-est du pays de Galles près de la frontière anglaise, fait partie des Sept-Saints fondateurs de la Bretagne.

Albert Le Grand (1599 – 1641), frère dominicain et hagiographe, a rédigé La vie de S. Malo, ou Machutes. Ce récit empreint de légendes, retrace la vie de celui qui donnera son nom à la cité corsaire.

Saint-Malo

Des Îles fortunées à Canalch

Maclow est envoyé dès son plus jeune âge au monastère de saint Brandan, qui le remarque très vite pour sa piété. Albert Le Grand narre l’anecdote où Maclow était chargé d’éveiller les religieux et de leur donner du feu. Des condisciples jaloux lui ont joué un tour mais, « un Ange avoit suppléé à ce défaut & allumé la lampe de l’Abbé, lequel embrassa tendrement S. Malo, révélant humblement en luy les merveilles de Dieu, le regardant non plus comme son disciple, mais comme un grand amy & favory de Dieu ».

Peu de temps après, saint Brandan s’embarqua avec saint Malo dans le but de trouver les Isles fortunées, autrement dit, le paradis terrestre, lieu mythologique situé aux extrêmes limites du monde pour y prêcher la foi « aux Barbares & les réduire à la connoissance de Jésus-Christ. » Après plusieurs années de navigation, il se retire dans son monastère. Attiré par la passion de l’ermite Aaron, il décide de lui rendre visite. Ce dernier, fut averti par un ange de la venue du gallois.

Maclow évêque et protecteur d’Alet

En face de l’îlot appelé Canalch, se trouve la cité gallo-romaine d’Alet, futur Saint-Servan. Après une vie érémitique partagée avec Aaron, saint Malo « n’estant pas envoyé de Dieu en ces contrées pour se reposer, mais pour travailler à la conqueste spirituelle des Ames », prend congé de son compagnon et rejoint la cité bâtie à l’embouchure de la Rance.

Le gallois y dit la messe en l’église Saint-Pierre, mais surtout réalise de nombreux miracles. Il délivre une femme grandement tourmentée du malin esprit, rend la vue à des aveugles et ressuscite un mort : « [Maclow] approcha d’un corps mort, qui attendoit la sépulture, &, ayant fait sa prière, il le ressuscita & luy présenta de l’eau à boire dans un vase de marbre, sur lequel ayant fait le signe de la Croix, le marbre fut converty en cristal & l’eau en vin. Ces trois miracles, que Dieu fit par les mérites de S. Malo, le mirent tellement en crédit vers les Seigneurs du pays & le peuple, qu’ils luy édifièrent un Monastère prés la ville ». Malo fut promu à la tête de l’évêché de la ville.

Gravure de Saint-Malo

Crédit: Адриен Коллер

Malgré tout, Malo subit des persécutions et décide de quitter Alet. Selon Albert Le Grand, dès son départ, la peste, la famine s’abattent sur Alet. La sécheresse « brûla les bleds & ruïna les maisons, étrangla plusieurs centaines de personnes ; » Une punition pour l’ingratitude envers le saint. Une délégation le retrouve en Saintonge et tente de le convaincre de revenir. Après l’apparition d’un ange, Maclow décide de retourner sur la côte bretonne. « Aussi-tost que S. Malo entra en Bretagne, l’air se purgea, &, tout à coup, la peste cessa dans tout l’Evesché d’Aleth, & les ports & havres furent remplis de vaisseaux chargez de bleds & autres vivres, en telle abondance, que la famine fut entièrement chassée. »

Après cet énième miracle, saint Malo rejoint définitivement en 621 le Saintonge où il y décède plus que centenaire. 75 ans plus tard, une nouvelle délégation récupéra les reliques de Maclow, aujourd’hui disparues.