En vous promenant aux abords de la Cité d’Alet, vous avez peut-être déjà remarqué cette énigmatique tourelle qui se découvre à marée basse. Sachez que cette tour a une utilité scientifique puisqu’il s’agit d’un marégraphe, un dispositif permettant de calculer les marées. On vous explique comment ça marche !
Un marégraphe, qu’est-ce que c’est ?
Le marégraphe (ou maréographe) est un appareil scientifique dont le but est de calculer le niveau de la mer sur le long terme. Si le principe est en lui-même assez simple, la partie plus complexe réside dans le choix de la technologie permettant l’étalonnage et l’enregistrement des mesures. Plusieurs critères entrent généralement en jeu : le lieu d’installation, la qualité de mesure exigée et le budget engagé.
Sur l’ensemble des appareils existants, on distingue trois types de marégraphes :
- les échelles et marégraphes à flotteur,
- les marégraphes numériques,
- les marégraphes de pression de fond.
Le créateur du marégraphe, Antoine-Marie Chazallon, expliquait le fonctionnement de son appareil dans un rapport au ministre de la Marine et des Colonies, le baron Victor Guy Duperré (1775-1846) :
« Les travaux à exécuter actuellement sont de deux sortes ; d’abord, la construction d’un puit de marée à Brest et à St Servan (il en existe un à Cherbourg) et ensuite la construction d’un maréomètre ou mécanisme destiné à noter de lui-même les mouvements de la mer. Voici, en gros de quoi se composera cette machine. Un flotteur d’environ 1 mètre de diamètre sera placé dans le puit où l’eau de la mer s’introduira par un petit canal ; ce flotteur éprouvera la même oscillation que l’Océan et, au moyen d’un stilet ou d’une plume dont il sera armé, il laissera, sur une feuille de papier, l’empreinte de ses diverses positions. Cette feuille de papier sera entraînée par le mouvement de rotation d’un tambour mis en jeu à l’aide d’une horloge soigneusement exécutée. La même feuille de papier portera en outre l’empreinte des variations barométriques, thermométriques, de la direction & de la force du vent. L’organisation de cet instrument est surtout la chose délicate et je vais m’en occuper d’une manière toute particulière ; après quoi, Général, j’aurai l’honneur de vous soumettre mes idées sur cet objet. Au reste, la construction du puits de marée est une chose indispensable est indépendante du mécanisme en question. »
L’histoire du marégraphe de Saint-Servan
Pour en apprendre plus sur l’origine de ce bâtiment insolite, nous nous sommes plongés dans la thèse de doctorat de Nicolas Pouvreau intitulé « Trois cents ans de mesures marégraphiques en France : outils, méthodes et tendances des composantes du niveau de la mer au port de Brest. » et accessible sur Refmar.shom.fr, le réseau de référence des observations marégraphiques.
Pour comprendre pourquoi Saint-Servan est doté d’un marégraphe, il faut d’abord s’intéresser à un homme : Antoine-Marie de Chazallon. Créateur de l’Annuaire des marées et acteur de la mise en place du premier réseau marégraphique français, cet ingénieur hydrographe, issu de l’École polytechnique, est également le créateur du marégraphe.
Peu après avoir été nommé à la direction du Service des Marées en 1839, Chazallon parcours le littoral dans l’optique de créer un réseau marégraphique à l’échelle nationale :
« D’après les ordres de l’amiral Duperré, ministre de la marine, et sur proposition expresses du vice-amiral Halgan, directeur du dépôt des cartes et plans de la marine, je viens de parcourir une partie du littoral afin d’organiser un meilleur mode d’observations de marée, et j’espère, avec l’appui et les conseils des hommes éminents du bureau des longitudes, réussir dans l’accomplissement de la tâche qui m’a été confiée. »
L’un des sites retenus pour cette observation permanente des marées est Saint-Servan et sa période de fonctionnement s’est étalée de 1850 à 1917. Endommagé lors de la libération de Saint-Malo en août 1944, le marégraphe de Saint-Servan est rénové en 1970 et est aujourd’hui utilisé par l’usine marémotrice de la Rance.
Pour conclure cet article, nous vous partageons cette vidéo de Couleurs d’Armor qui a réalisé un magnifique timelapse du marégraphe de Saint-Servan :
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