Le Médium interactif par numérisation d’information téléphonique, plus connu sous le diminutif « Minitel » a été mis au point à Rennes. Ce terminal de consultation de banques de données, constitué d’un clavier et d’un écran, a été en France le précurseur d’internet. Saviez-vous que des Malouins ont été les premiers utilisateurs de ce nouvel  appareil ? 

Au milieu des années 70, la télématique, c’est à dire l’ensemble des techniques qui combinent les moyens de l’informatique avec ceux des télécommunications, attire l’attention des pouvoirs publics. La France, qui fait face à la concurrence américaine, allemande et anglaise, lance son programme Télétel (nom du réseau), reconnu dans le monde entier comme le premier réseau télématique grand public. Malgré des difficultés à exporter cette technologique, ce sera un succès commercial dans l’Hexagone.

L’expérience de Saint-Malo

Saint-Malo est choisie pour tester l’annuaire électronique (3611), chargé de remplacer l’annuaire papier. Début 1979, un panel de 170 malouins censés représenter la société est constitué. 55 d’entre eux, mêlant particuliers et professionnels, sont ensuite équipés. Des terminaux sont alors mis en place dans différents lieux publics comme le syndicat d’initiative ou la Poste d’Intra-Muros. Une téléboutique est même inaugurée au mois de mai à Rocabey.

Au final, 53 appareils sont mis en service pour l’expérimentation entre les mois de juillet et septembre. Jacques Billard, Ancien Directeur Régional de Télécommunications de Bretagne, et Alain Daladoire, Ancien chef de cabinet du Directeur Régional de Télécommunications de Bretagne, expliquent : « Les appareils tournaient et les remarques nombreuses sur les formes, les couleurs, les dimensions des appareils et des boîtiers les accompagnant, sur les touches et leur position sur les claviers permirent à l’équipe du C.C.E.T.T. de Rennes de faire évoluer l’appareil. » (Source)

Les 29 et 30 octobre 1980, Roland Dhordain, alors Directeur de l’ORTF, réalise des interviews et un film auprès de participants au test.

Le « minitel rose » s’affiche dans la Cité corsaire

Parmi les services restés célèbres, le fameux minitel rose qui va faire couler beaucoup d’encre. Pour l’anecdote, certains maires se plaignent des affichages très suggestifs dans leurs communes au point de les interdire. Gérard Vignoble, alors maire de Wasquehal, prend la parole à l’Assemblée nationale : « Le minitel rose, tout le monde en parle, mais personne n’agit. Tout le monde le déplore, tout le monde le combat, mais les publicités s’étalent tous les jours sur les murs de nos communes. Pour moi, il n’est pas question d’interdire, mais d’adapter la technique afin de préserver l’intérêt des familles. » Il propose même de mettre en place « une technique de cryptage » qui permettrait aux familles d’en interdire l’accès à leurs enfants.

En ce qui concerne les interdictions d’affichage, les municipalités, dont Saint-Malo, ont dû revenir sur leurs arrêtés.

Succès et déclin du Minitel

En 1981, 4 000 minitels sont distribués en Ille-et-Vilaine. Le succès est rapide et le lancement en 1982 du premier service de messagerie instantanée va encore accentuer sa réussite. Au début des années 1990, le Minitel équipe 6,5 millions de foyers. À son apogée en 1995, il offre plus de 20 000 services à quelque 25 millions de Français.

En 1988, le professeur Bruno Lussato disait : « On nous dit que le monde entier nous envie le Minitel. Je ne sais pas s’il nous l’envie, messieurs, mais je peux en tout cas vous dire une chose avec certitude, c’est qu’il ne nous l’achète pas ». En effet, dans les années 90 il est supplanté et ringardisé par l’émergence d’internet. Le Minitel est définitivement débranché le 30 juin 2012.

En 2013, une exposition à la Briantais organisée par l’association Armorhistel est revenu sur les trente années où le Minitel a déferlé sur la France.