Depuis la Révolution française, le Panthéon a pour vocation d’honorer de grands personnages ayant marqué l’Histoire de France. Ainsi Voltaire, Jean-Jacques Rousseau, Victor Hugo, Émile Zola, Jean Jaurès, Jean Moulin, Pierre & Marie Curie, André Malraux ou encore Alexandre Dumas y reposent. Depuis le mois de juillet 2018 Simone Veil est inhumée dans ce temple de la nation.

Parmi les 81 personnalités « panthéonisées » figure un Malouin ! Il ne s’agit pas du plus illustre des corsaires ou d’un écrivain célèbre mais d’un homme ayant servi avec dévouement la France durant toute sa vie. En 1815, sous l’Empire napoléonien, Antoine-Jean-Marie Thévenard entre au Panthéon.

Portrait d'Antoine-Jean-Marie Thévenard, un malouin au panthéon

Une jeunesse sur les mers

Ce fils de capitaine de la Compagnie des Indes naît à Saint-Malo le 7 décembre 1733. Dès l’âge de douze ans il embarque sur un vaisseau commandé par son père. Alors que la guerre de Succession d’Autriche fait rage entre les nations européennes, il participe à plusieurs combats. Quelques années plus tard il participe à la guerre de Sept ans en tant qu’officier du roi, corsaire mais aussi ingénieur-constructeur. Cet affrontement des grandes puissances de l’époque se déroulant sur plusieurs continents et théâtres d’opération, notamment en Europe, en Amérique du Nord et en Inde, sonnera déjà la fin de sa carrière de marin. Probablement atteint du paludisme il ne va pratiquement plus servir qu’à terre pendant tout le reste de sa carrière.

Une vie au service de la France

En 1771, Antoine-Jean-Marie Thévenard est nommé à l’Académie de Marine. Deux ans plus tard, il est fait chevalier de l’ordre de Saint-Louis, ordre honorifique créé par Louis XIV pour récompenser les officiers catholiques les plus valeureux. Membre de l’Académie des sciences, il devient ministre de la Marine de Louis XVI en mai 1791. Mais cette époque troublée ne lui laisse que peu de temps et il démissionne dès septembre 1791. Inquiété à plusieurs reprises lors de la Révolution Française, il sera acquitté par le tribunal révolutionnaire.

Intérieur du Panthéon (vue panoramique)

Par la suite, il commande le port de Rochefort en Charente-Maritime en 1796, puis devient commandant d’armes à Toulon et enfin préfet maritime de Lorient. L’Empire le couvre de récompenses : Légion d’honneur, comte d’Empire, membre du Sénat conservateur à sa retraite en 1810. Malgré la chute de Napoléon Bonaparte qu’il a servi, en 1814 le roi Louis XVIII en fait un membre de la Chambre des pairs.

Il meurt en 1815, peu avant le retour de Napoléon. Celui qui aura servi tous les régimes successifs verra son corps transféré au Panthéon. Quelques années plus tard il sera rejoint par Louis Antoine de Bougainville, un nom bien connu des Malouins.